Saturday 7 May 2011

FLESH ARISING, KARINE JOLLET OU LE CORPS RAYONNANT

Que reste-t-il quand on enlève tout le superficiel pour atteindre la véritable valeur de l’existence ?

Telle est la question que les corps blancs de Karine Jollet semblent nous poser en permanence.
La réponse qu'ils suggèrent  que lorsqu'on se défait des touts les biens matériaux et sociaux, ce qu’il reste est notre propre corps.
Non comme destination unique et final mais comme énigme à résoudre pour pouvoir aller vers le sens retrouvé de la vie.

Quatre unités thématiques autour du corps sont présentées dans cette exposition et sont les suivantes:


-  Les ossements ou reliquaires, présentés comme sculptures de pied, fémur, bassin, vertèbre et cage thoracique. La technique est surprenante : ossements anatomiquement fideles mais construits avec des matériaux doux et sensuels comment la dentelle, les draps, le satin et les perles. Ce qu’on associe normalement avec la mort est ici associé à la vie, ces ossements parlent plus d’une envie de caresse que de la décomposition ou de la maladie. Ils nous montrent la structure interne du corps et en même temps l’axe qui structure le corps dans l’espace ou la rencontre entre corps-objet et terre. C’est la surprise provoquée par ces objets redéfinis comment vivants que rendre possible le passage d’association d’idées pour le visiteur de la mort à la vie. Décomposés en leur parties élémentaires ces sculptures simples d’ossements variés montrent come tout est unis dans le corps et il collabore pour pouvoir fonctionner. En même temps, quand on observe chacune des ces sculptures d’ossements, on voit qu’une espèce de matrice formelle commune commence à émerger : le microcosme du corps se reflète comme forme dans le macrocosme qui nous entoure.


-   Les boutis ou ex-voto des organes, 2eme série de travaux exposés, nous montrent dans leur transparence l’origine commune des formes végétales et des organes humains. Mais le corps est le siège de l’esprit et il faut trouver le bon équilibre pour être en bonne santé et pour exercer son esprit au mieux de ses capacités. Pour cette raison les boutis des organes de Karine Jollet deviennent des « ex-voto », ils reprennent les traditions votives dans une prière silencieuse qui demande l’harmonie dans vie. Une fois encore, c’est la technique utilisé que crée la surprise nécessaire pour que une autre vision soit des organes soit des « ex-voto » soit possible: les boutis sont faits sur des petits mouchoirs rectangulaires, la lumière rende visible leur forme que vire vers une abstraction formelle. Cette abstraction transparente nous permet de réfléchir sur la fonction des organes pour que le miracle de la vie s’accomplie chaque jour et pour demander leur protection. Ils sont présentés des boutis des poumons, de foie, de pancréas, de rein et de cœur.

-   La série « reliques » nous montre ce qui reste quand l’esprit qui anime le corps s’absente : coquille vide, comme le titre du torse présenté ici dit aussi bien, pieds vides comme des chaussures anatomiques sur des pieds absents ou comme ces bras et pieds, fragments gelés dans un mouvement qui est seulement souvenir. Quand le souffle vital n’est pas là,  la connexion corps-esprit ne peut pas se faire et seules les formes vides demeurent.


-    Deux cranes sont aussi présentés : un, un crane vide avec la mâchoire détachée fait des dentelles et de satin, fait thématiquement partie de la série des ossements. Le 2eme est une vanité, un objet compact de méditation sur la vanité des choses, le point de départ pour monter vers la vie.


Karine Jollet est une investigatrice sensible et délicate des formes du corps, de ses ossements, de ses organes, ses fragments charnels, son travail une simulation purifie en tissu blanc.
Dans ses investigations, a part de la pureté acquise du blanc, elle cherche le point d’équilibre entre principes contradictoires, l’esprit et le corps, pour donner un sens au miracle piétiné qui est la vie.
Fragments de corps, méditation en forme des fragments sur la valeur de la vie et ses valeurs.
Méditation morale et esthétique en forme d’ossements, de organes, de reliques et des fragments corporels.
Le corps est la chair du monde en tissu blanc, dentelles et perles pour Karine Jollet.

« Flesh arising », chair rayonnante, qui cherche et indique la voie pour une harmonie personnelle e sociale.

Méditation come geste et création artistique, inspiré en soi et source d’inspiration pour nous.

© Haris Metaxa, Paris, Mars 2011

(A l'occasion de l'exposition collective "FLESH II" au Musée Ianchelevici en Belgique, Vernissage le 6 mai 2011. Texte dans le catalogue.)